Guy C. et Marcel J. se souviennent très bien des batailles aux lance-pierres (1) contre le Stiff . Comme des attaques se produisaient régulièrement, ils avaient récupéré des casques, Allemands surtout, mais aussi Français et d’autres portant la Croix-Rouge, pour se protéger. Organisés comme une troupe, il y avait l’avant garde qui lançait des cailloux à la main, sans doute parce qu’elle n’avait pas les moyens d’acheter la gomme carrée à la quincaillerie des Quatre-Moulins. D’ailleurs cette gomme carrée était sensée servir à la propulsion de sous-marin car il n’était pas question de dire que c’était pour confectionner un lance-pierres. La deuxième ligne armée de lance-pierres était bien plus dangereuse, nous sommes loin de la guerre des boutons et les fronts se souviennent encore des impacts de cailloux, pour ma part j’ai failli y perdre un Å“il, quelques années plus tard.
Au sommet du premier fort il y avait une plate forme en béton servant pendant la guerre d’emplacement de D.C.A. C’était le château à prendre et Jim, avec sa fronde, expédiait des cailloux bien plus gros sur les assaillants. Une des ruses utilisées consistait à reculer jusqu’au sixième fort et à s’enfermer, car il possédait encore de lourdes portes métalliques impossibles à forcer. Pendant que les assaillants tambourinaient nous sortions par un puits vertical qui devait servir de conduit de ventilation et peut-être aussi pour monter les munitions. Nous pouvions ainsi surprendre les attaquants qui rebroussaient chemin sous une pluie de projectiles.
A côté de ces affrontements assez dangereux il y avait aussi les batailles de mottes de terre. Marcel se souvient d’une de ces journées ou un attaquant a reçu un caillou sur la tête.
Les défenseurs au sommet d’un fort avaient creusé une tranchée et fait provision de mottes. Manque de chance dans l’une d’entre-elles il y a un « Pem »(2) et l’attaquant, un grand costaud nerveux, le prend sur la tête . De rage, il monte à , l’assaut, les défenseurs s’enfuient sauf un qui n’a pu sortir à temps de la tranchée. Il subit alors une avalanche de mottes de sa propre réserve et se retrouve pratiquement enterré.
(1)Lance-pierre ou Blette : Que celui qui ne s’en est jamais servi me lance la première pierre. Confectionné à partir d’une partie fourchue de noisetier passée au feu,de deux gommes carrées et d’une languette de chaussure ; arme très dangereuse.
(2)Pem : Caillou
Pour Louis D, la plaine de Kérangoff c’était l’espace, la plaine et les forts. Il se souvient très bien d’une cache semi-souterraine qu’il avait construite avec des copains à côté du café Demeule. Un trou recouvert de mottes de terre posées sur des planches de coffrage et des fers à béton récupérés. Cette cache était invisible de la route située à quelques mètres. Elle servait de planque à l’occasion de jeux ou d’abri pour déguster les pommes que nous allions chaparder dans les jardins voisins.
Ollivier.DISARBOIS.
(1)Lance-pierre ou Blette : Que celui qui ne s’en est jamais servi me lance la première pierre. Confectionné à partir d’une partie fourchue de noisetier passée au feu,de deux gommes carrées et d’une languette de chaussure ; arme très dangereuse.
(2)Pem : Caillou